Contexte
L'avancée du Mouvement rebelle du M23 vers le territoire de Lubero a donné lieu à la propagation des rumeurs le jour de la clôture des épreuves ordinaires de l'examen d'État en République démocratique du Congo. Le 27 mars dernier, plusieurs utilisateurs de Facebook ont récupéré et publié une information pointant ce mouvement rebelle d'avoir tué 34 élèves finalistes à Remeka dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu.
Infox :
« Exetat Nord-Kivu, quatrième jour mal fini. Bilan provisoire, 34 élèves finalistes du secondaire décédés suite aux bombardements du M23, dans un centre de passation d'Examen d'Etat ce jeudi 27 juin 2024, au village Remeka, groupement Ufamando, chefferie Bahunde, territoire de Masisi. Nos sincères condoléances », publie la page Facebook RDC infos et Exetat dans un post qui a cumulé 7 réactions et 3 commentaires, ce 28 juin.
Des internautes ont très vite pensé que l'information est crédible.
« A quoi servent les drones, avions de chasse achetés? pour en finir avec cette aventure rwando-ougandaise, puisque le moyen et les hommes sont là », (corrigé), commente Papy Ilunga.
Lien de l'infox :
Non seulement cette page, mais aussi plusieurs autres utilisateurs des réseaux sociaux ont récupéré cette rumeur, sur WhatsApp comme sur Facebook.
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Une exagération injustifiée
Sur plusieurs pages qui ont publié cette information et que nous avons visité, les auteurs de cette information citent, à la base de la rumeur, Aimé Mukanda. Dans sa démarche indépendante et rigoureuse, Eleza Fact a traqué les contacts de ce citoyen congolais bien connu au Nord-Kivu, pour se rassurer que c'est bien lui la source de l'information.
« Le M23 appuyé par l'armée rwandaise ont encore tué les élèves qui passaient l'examen d'État dans la localité de Remeka...», a déclaré Aimé Mukanda sans répondre aux questions de Eleza Fact qui demandait des preuves de cette catastrophe. Une première réalité qui remet en doute la véracité de cette information.
Aucun mort signalé
Nous avons poursuivi notre recherche dans ce sens et avons constaté que le flou persiste toujours quant à comment les faits se sont passés. D'ailleurs, les médias nationaux qui ont parlé de cette question sécuritaire à Masisi n'ont fait allusion à aucun mort enregistré dans un centre de passation d'examen d'État. Radio Okapi, par exemple, a juste fait allusion à la localité de Remeka désormais sous le contrôle du mouvement rebelle du M23.
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Le silence du média onusien quant à la question des morts paraît pour nous comme une deuxième raison de maintenir le doute sur la crédibilité de cette information.
Aussi, des hôpitaux supposés avoir reçu les corps des victimes de la prétendue explosion, n’en ont jamais enregistrés. C’est le cas de l’hôpital provincial de Goma. « La question-là selon laquelle il y avait eu des morts à Remeka, ce n’est pas vrai. J’avais vérifié, même ici chez nous, on n’avait pas eu d’informations sur ça. C’était une Fakenews. C’est juste il y avait des coups de balles, mais les élèves étaient déjà sortis du centre », précise Demton Katimbiri , agent administratif à l’hôpital provincial de Goma.
Des épreuves juste paralysées
Sans relâche, Eleza Fact a contacté la société civile de Remeka, chef lieu du groupement Ufamandu pour sa version. La structure citoyenne reconnaît que les activités de passation d'examen d'État ont juste été paralysées dans les trois centres du groupement Ufamandu mais ne reconnaît avoir vu aucun corps d'élève mort lors de l'explosion d'une bombe.
« C'est vrai les épreuves ne se sont pas clôturées convenablement pendant ce dernier jour. L'ennemi a attaqué nos patriotes wazalendo qui ont fait tout pour protéger le centre d'examen d'État pour que les élèves finissent les épreuves. Malheureusement à 13 heures, l'ennemi a réussi à traverser jusqu'ici à Remeka. En tout cas, l'activité a juste été paralysée », recadre Yusufu Mikairi.
Pour combler ces points de vue, nous avons constaté que jusqu'à la rédaction de ce papier, aucune autorité de l'état ne s'est pas encore prononcée pour parler d'une quelconque explosion ayant fait 34 morts à Remeka dans le territoire de Masisi.
Bref
A en croire les données en notre possession, les épreuves ordinaires de l'examen d'État ne se sont pas clôturées avec la mort de 34 élèves à Remeka dans le Masisi. Personne, pas même les médias locaux d'actualité ou les acteurs de la société civile sur place, ne reconnaît avoir vu les corps des finalistes décédés après l'explosion d'une bombe larguée par le mouvement rebelle du M23.
Edité par Daniel Makeke